Herta Müller

C’est dans le paysage qu’Herta Müller vient puiser la matière de son œuvre. Non que sa peinture, ou ses dessins, soient faits sur le motif, mais parce qu’ils semblent, au contraire, en procéder. Ce qu’elle trace – car la ligne, incisée, sinueuse, flottante, est son vocabulaire – concentre, sur un mode économe et sensible, la mémoire de ses pérégrinations dans le monde, et la sensation corporelle qu’elle en conserve.
Il y a, dans cette façon de peindre, une façon allusive, non ostentatoire, de dire « j’étais là » qui donne à ses œuvres toute leur force.
L’art, pour Herta Müller, est de l’ordre de l’expérience : cette chose qui, lorsqu’on la vit, nous transforme.
Ainsi, d’un tableau l’autre, l’artiste trace son chemin : cette trace éphémère qu’on laisse derrière soi, brève inscription poétique de notre présence au monde, le sillage.

Pierre Wat