Rachel Labastie : « Entrave de cou » au Musée de la Céramique de Rouen

Depuis 2008, la plasticienne décline le motif de l’entrave, inspiré par les colliers de métal forgé dans le cadre de la répression des tentatives de fuite de personnes mises en esclavage (sur les plantations en Amérique, aux Antilles, ou bien encore dans l’archipel des Mascareignes). Appareil de contention du corps, privant de la liberté de se mouvoir, l’entrave imposait en outre la cruauté de sa matière, de son poids et de ses formes blessant les chairs. Négation de l’humanité, rabaissant l’esclave qui le portait au rang ultime d’animal en position de soumission, l’entrave reste aujourd’hui le signe de cette brutalité extrême. Avec Entrave de cou, Rachel Labastie mobilise la délicatesse afin de mettre en exergue la violence. Le matériau employé – cette porcelaine à la blancheur immaculée –, renvoie également et par opposition à la couleur de la peau des afro-descendants mis en esclavage.